1989

Dans tout l’Hexagone
Très bonne année en Bourgogne, un hiver et un printemps doux favorisèrent le développement de la végétation. L’été fut exceptionnellement chaud et ensoleillé, ce qui permit des vendanges précoces de raisins murs et sains. La température moyenne de l’été égala celle de 1945. En Bordelais c’est un millésime extrêmement séduisant et parfaitement complémentaire du 88. Au mois de mai, la température, au-dessus de la moyenne, donna à la végétation une avance de trois semaines sur la normale. La floraison commença très tôt, juin fut incroyablement chaud, et la chaleur demeura en juillet et en août. Des pluies fréquentes et locales ne firent que grossir et rafraîchir les raisins assoiffés. Les vendanges furent les plus précoces depuis 1893.

À Bordeaux
Le millésime 1989 est complexe à appréhender en raison de nombreux facteurs influençant la qualité des vins. Il a été à la fois critiqué pour son manque d’équilibre et loué pour des vendanges précoces, des caractéristiques phénoliques exceptionnelles et des rendements bien gérés. Les conditions météorologiques idéales ont favorisé le cycle de croissance de la vigne. Les vendanges de cette année ont été parmi les plus abondantes depuis 1893, marquées par un hiver chaud et sec, une floraison idéale, une véraison précoce et une maturation du raisin se terminant tôt. Cependant, des défis se sont présentés en raison de la maturité variable des raisins.
Les merlots ont généralement été récoltés à maturité optimale, avec un degré d’alcool supérieur à la normale, apportant richesse et fruité aux vins. En revanche, certains cabernets sauvignons, bien que très mûrs, n’avaient pas atteint leur maturité physiologique, entraînant un manque d’acidité et de l’équilibre nécessaire. La décision du vigneron de retarder la récolte a joué un rôle crucial, permettant la production de grands vins.
Dans le Libournais, les Pomerols ont mieux réussi que les Saint-Emilions, avec des réussites notables comme Pétrus et Lafleur Pétrus. Sur Saint-Emilion, Château Angélus et Château Cheval Blanc ont brillé. Sur la rive gauche, bien que les vins de Margaux aient été relativement désavantagés, Château Margaux et Château Rauzan Ségla ont produit des vins de bonne à moyenne qualité. Les vins de Pessac-Léognan, en revanche, ont réussi davantage, avec Château Haut-Brion et La Mission Haut Brion offrant des vins puissants et complexes.
Trois appellations se sont démarquées dans le Médoc : Saint-Estèphe, Pauillac et Saint-Julien. Les meilleures propriétés ont produit des vins comparables à ceux du millésime 1982. Cos D’estournel, Haut Marbuzet, Tablot et Lynch Bages figurent parmi les réussites.
Enfin, le millésime 1989 est reconnu pour être l’un des « trois glorieuses », trois millésimes exceptionnels pour les vins blancs sucrés. Les précipitations limitées en septembre ont favorisé le développement de la pourriture noble, concluant un cycle végétatif parfait et une maturation optimale des raisins.

Rouges rive gauche : excellent
Rouges rive droite : excellent
Blancs secs : excellent
Blancs liquoreux : exceptionnel

En Bourgogne
Le millésime 1989 est un exemple de très bon millésime qui a été un peu oublié. Souvent, de tels millésimes passent inaperçus après un millésime exceptionnel ou lorsqu’ils suivent un millésime cher, comme c’est le cas ici avec le millésime 1990 qui a vu ses prix chuter d’environ 20%. Bien que moins abordable, le millésime 1989 n’a pas retenu autant l’attention des marchands de vin, qui ont préféré se concentrer sur le rapport qualité-prix avantageux du millésime 1990.
D’un point de vue viticole, le millésime 1989 a été un millésime pour les amateurs et les vignerons. La météo a été globalement idéale, bien que les hautes-Côtes aient été touchées par quelques gelées en avril. Cependant, l’été exceptionnellement chaud a permis au Pinot Noir de s’épanouir pleinement.
Les vins issus de ce millésime sont souvent distingués, riches et puissants. Bien que plutôt tanniques, ils sont plus équilibrés et flatteurs que les vins de 1988, et peuvent être appréciés sur leur fruit entre 5 et 10 ans en fonction de l’appellation. Pour les meilleurs d’entre eux, ils sont encore délectables de nos jours.
Les vins blancs, principalement élaborés à partir du Chardonnay, ont également profité de ces conditions météorologiques exceptionnelles. Ils se caractérisent par leur texture grasse, leur puissance et leur minéralité pure. Par exemple, les vins de Meursault possèdent un potentiel de vieillissement remarquable.
On peut qualifier le millésime 1989 de millésime de vignerons, car malgré quelques averses en juillet qui ont atténué la sécheresse de l’été, certaines vignes ont atteint des niveaux d’alcool très élevés. Les décisions prises par les vignerons ont été cruciales à ce stade. Certains vins sont devenus trop lourds et chargés en raison de ces conditions, tandis que d’autres ont été transformés en vins de grande qualité, dotés d’un beau potentiel de vieillissement.

Rouges : grand
Blancs : très grand

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